Cours 4 : Le rôle des parents et de l’école dans l’éducation de leurs enfants
« L’école est faite pour libérer les enfants de l’amour de leurs parents » ?
Citation du philosophe « ALAIN »,
Son vrai nom Émile-Auguste Chartier, né le 3 mars 1868 et mort le 2 juin 1951 en France, est philosophe, journaliste et professeur de philosophie.
Introduction :
L’instruction est obligatoire pour tous, et l’école prend en charge de plus en plus de problèmes éducatifs. Les parents, parfois désemparés devant leurs problèmes personnels, professionnels et sociaux, peuvent percevoir l’école comme un outil de promotion sociale. D'autres parents ne croient plus au rôle de l'école comme outil d'ascension sociale.
La plupart des difficultés scolaires surviennent quand il y a une rencontre conflictuelle entre la personne privée de l’enfant et la personne sociale de l’élève. La connaissance des conflits qui se développent au sein de cette double personne permettra d’orienter les formes et les stratégies de l’aide à apporter à l’élève en difficulté, et où il s’agira de travailler la distance qui sépare les deux.
Que le petit quitte son milieu familial, en entrant à l'école maternelle, il perd tout à coup ses repères habituels et découvre de nouveaux espaces, une nouvelle organisation du temps, d'autres enfants, des adultes différents,… Autant d'éléments qui vont le déstabiliser, générer angoisse, stress… et provoquer les cris et les pleurs que les enseignant(e)s des classes de tout petits et petits connaissent bien et tentent de gérer en instaurant une rentrée échelonnée sur plusieurs jours.
Un petit de 3-5 ans, lorsqu’il arrive à l’école, ignore tout de ce monde : il ne sait même pas pourquoi il est là.
Tout est nouveau pour lui, voire étrange…. Les premiers jours de scolarisation, on constate souvent des pleurs, des cris…L’enseignant de la classe peut se sentir déstabilisé par cette situation. C’est un moment d’insécurité pour tous (enseignant, enfant, parents).
Problématique :
Pourquoi les enfants de 3-5 ans rencontrent-ils des difficultés lors de la rentrée en école maternelle ? Comment les parents et les enseignants peuvent intervenir pour y remédier ?
Le but de notre réflexion aujourd’hui est de nous amener à conjuguer les compétences respectives.
Il ne s’agit pas de parentaliser les enseignants, pas plus que nous chercherions à professionnaliser les parents.
Hypothèses de réponses :
- Les parents ne sont pas prêts et peuvent vivre cette rentrée comme un déchirement dans lequel l’enfant est « embarqué ».
- La distance culturelle, qui existe parfois entre la famille et l’école, peut provoquer des incertitudes et des incompréhensions (pour les parents comme pour l’enfant).
- Le vécu d’une séparation pour aller a l’école maternelle ne suffit pas forcément à préparer l’enfant.
. . . De l’enfant à l’élève : le rôle de la famille
L’école transforme le père et la mère, parents de l’enfant en parents d’élève. Il leur faut partager avec d’autres l’éducation de l’enfant. Y aura-t-il concurrence ou complémentarité ?
L’école demande aux enfants qu’ils se comportent comme des élèves et attend que les parents préparent les enfants à ce rôle. Il faut admettre que cela ne va pas de soi, surtout dans l'Adaptation et l'intégration scolaire.
Si l’école s’intéresse à l’enfant, l’enfant, lui, ne s’intéresse pas toujours à l’école.
Eléments théoriques pour étayer la réflexion :
1) Le jugement :
L’école est un lieu où l’enfant sera vu, observé, évalué par des personnes étrangères, bienveillantes mais plus distantes. Lorsque l’enfant présente des difficultés de comportement ou de d’adaptation, souvent les parents se sentent remis en cause dans l’éducation qu’ils donnent à leur enfant. C’est la peur du jugement de l’enseignement qui conduit parfois les parents vers l’agressivité, et le retrait…
Quand on est enseignant, être démuni devant un enfant triste, passif ou perturbateur pourrait représenter le risque d’être considéré comme un mauvais professionnel. Or, la compétence professionnelle de l’enseignant n’est pas dans l’apport immédiat d’une solution miracle, mais dans le questionnement, l’observation, l’échange avec d’autres professionnels, le dialogue avec les parents. C’est quelques fois la peur du jugement des parents ou des collègues qui conduit l’enseignant au déni, au silence, à l’isolement…
On le voit, il y a du chemin à parcourir pour les deux parties, école et famille.
2. La confiance :
Certains parents surprotègent leur enfant parce qu’ils perçoivent le monde extérieur comme une jungle et ils ne croient pas que leur enfant est capable d’y survivre sans eux.
Beaucoup de parents se demandent ce que fait leur enfant à l’école. Prendre le temps de leur expliquer, dès l’inscription, permet aux parents et aux enfants de partager les mêmes images, de recourir aux mêmes mots pour évoquer ensemble l’école pendant les vacances. A la rentrée, l’angoisse en sera moindre.
Les parents doivent aussi fournir un effort afin d’accepter l’inconfort de ce moment de transition que représente l’entrée à l’école. L’enfant fait un effort quand les parents le font.
3) Implication de l’enfant :
Il doit pouvoir assister à tout ou partie des rencontres enseignant-parents. Il verra ainsi que ses parents et son enseignant se mobilisent autour de son problème et qu'il ne va pas rester seul devant ses difficultés. Cela va l'aider à reprendre confiance en lui, c'est un facteur très important qui sera un atout majeur pour résoudre son problème.
4) La collaboration entre parents et enseignants: Les enseignants attendent notamment des parents: qu’ils leur fassent confiance, qu’ils prennent l’initiative d’une collaboration, qu’ils se sentent responsables de leur enfant en classe et hors de l’école, qu’ils contribuent à la cohérence des méthodes éducatives, qu’ils aident leur enfant dans son travail scolaire, qu’ils apportent un enrichissement culturel.
5) L’accueil dans la classe est également un moment important. Les parents ne peuvent pas investir l’école, et surtout la classe, s’ils ne sont pas invités à y entrer, au moins lors de la période de rentrée. Eviter, autant que possible, que l’entrée à l’école soit une rupture. Pour cela, créer des liens, des passerelles, peut apaiser et rassurer.
Exemple:
Accepter les objets transitionnels ; favoriser un accueil individualisé (pour ceux qui en ont besoin) sans exclure le contact physique (prendre l’enfant par la main ou même dans les bras) ; faire des clichés, des films, sur les moments de vie à l’école peut être un outil précieux pour rassurer et échanger.
En conclusion,
Il importe donc que se soient instaurés une confiance et un certain respect entre l'enseignant et la famille. Ce qui nécessite de la part de l'enseignant quelques principes :
- Clarifier son rôle et montrer en quoi il ne se substitue pas à celui des parents, d’où l’importance des informations en début d’année
-être attentif à la manière et au lieu que l'on choisit pour parler aux familles, en ne les apostrophant pas devant d’autres parents
- se limiter à recueillir les informations utiles et respecter la vie privée des familles
-reconnaître aux parents le droit de questionner les programmes et leurs contenus, sans ingérence dans la pédagogie
- écouter les parents, sans les juger, quand on juge, on est jugé en retour
- valoriser les parents, en identifiant leurs ressorts possibles au bénéfice de la réussite scolaire
-reconnaître ses limites quand c'est nécessaire
- se préparer à recevoir l'agressivité des familles et anticiper sur une stratégie de réponse non réactive, accueillir l’agressivité sans en être personnellement affecté
- savoir mettre fin à un entretien en leur proposant une prochaine rencontre
-ne pas se mettre en compétition : la différence des rôles est une différence de nature et non de degré
- Considérer l’éducation d’un enfant comme un projet où chacun a sa place à tenir
- Se préparer à proposer aux parents un autre interlocuteur, en cas de besoin (médecin scolaire, assistante sociale...)